Le peintre du réalisme


Accusé

1. « Vous êtes reconnu coupable de destruction de monument historique et par conséquent, vous êtes condamné à rembourser les dégâts que vous avez causés.»

La colonne Vendôme

2. L'homme ainsi condamné s'appelle Gustave Courbet. C'est un peintre. Nous sommes à Paris en 1873. Trois ans auparavant, lors d'une révolte contre le gouvernement, La Commune de Paris, de nombreuses destructions avaient eu lieu. C'est ainsi qu'un monument, la colonne Vendôme, fut démoli. Courbet qui était républicain avait eu l'idée de détruire cette colonne car elle symbolisait le pouvoir de l'empereur Napoléon III qu'il détestait. Qui est ce peintre révolutionnaire ?

Ornans

3. Courbet est né en 1819 à Ornans. C'est un village de Franche-Comté, une région située dans l'est de la France, non loin de la frontière suisse. Ses parents sont des propriétaires terriens assez riches. Le père de Gustave veut que son fils devienne avocat mais le jeune homme refuse. Il sera peintre. Plutôt que de suivre les cours qu'on lui propose, il préfère se former tout seul en copiant les grands maîtres exposés au musée du Louvre. En 1844, alors qu'il n'a que 25 ans, il présente un tableau qui fait sensation au Salon. C'est un autoportrait où on le voit assis, un grand chapeau noir sur la tête, en compagnie d'un magnifique chien noir.»

Paris

4. Le père ne cherche pas à imposer sa volonté. Il sait que ce serait inutile car il connaît le caractère orgueilleux de son fils. Et puis, il a réalisé que son jeune Gustave avait du talent. Il l'envoie donc étudier la peinture à Paris. Mais Courbet n'est pas un élève docile .

Autoportraits

5. Courbet a toujours aimé se peindre lui-même. Au cours de sa carrière, il a peint des dizaines d'autoportraits dans des postures variées. L'un de ses plus célèbres s'appelle Le désespéré (1843). Les yeux exorbités , les narines dilatées, la bouche entr'ouverte, Gustave se met en scène comme s'il jouait dans une pièce de théâtre un personnage de désespéré. La carrière de Courbet est maintenant lancée. En 1847, il visite les Pays-Bas et tombe sous le charme des grands maîtres de la peinture hollandaise du 17ème.Pour Courbet, voir des scènes qui racontent une vraie histoire, comme la ronde de nuit de Rembrandt, est une révélation . Lui aussi peindra, sur des très grandes toiles, des scènes de la réalité.

Enterrement à Ornans

6. Rentré en France, il se met au travail et en 1850, il présente son premier tableau « réaliste ». Il s'agit d'un enterrement qui se déroule dans son village natal d'Ornans. Comme dans la ronde de nuit de Rembrandt, c'est un grand tableau qui représente une scène vraiment vécue. Malheureusement pour Courbet, les critiques n'aiment pas cette œuvre. On lui reproche de peindre une scène banale (quoi de plus ordinaire qu'un enterrement !) avec des personnages qui ne sont pas spécialement beaux.

Palette éclaircie

7. Courbet ne se décourage cependant pas. Grâce à l'aide de son ami Alfred Bruyas, un riche collectionneur qui reconnaît son talent, Courbet peut continuer à peindre. Invité par Bruyas, il découvre les paysages et la lumière du midi de la France. Sa palette, jusqu'alors sombre, va s'éclaircir. Courbet peint des sujets variés: des scènes de la réalité, des femmes, des nus, des portraits de gens connus comme celui du compositeur Hector Berlioz ou du poète Charles Baudelaire. Mais ce qu'il préfère par-dessus tout, ce sont les paysages de sa Franche-Comté natale dont il peint sans se lasser les grottes et les forêts mystérieuses.

Exil en Suisse

8. Les choses vont se gâter pour Courbet après 1870 et la défaite de la France face aux Prussiens . Courbet a participé à La Commune de Paris qui est réprimée dans le sang. Sa célébrité lui vaut de n'être condamné qu'à 6 mois de prison mais il doit rembourser la destruction de la colonne Vendôme. Comme il ne peut pas payer, il se réfugie en Suisse où il finit sa vie en 1877 non sans avoir peint de magnifiques vues du château de Chillon où il a un temps résidé.