La portraitiste de cour


Une lettre royale

1. « A la première séance que j'eus de Sa Majesté je fus d'abord intimidée par son air imposant , mais elle me parla avec tant de bonté qu'enfin sa Grâce si bienveillante me remit de la première impression que j'en avais ressentie. » Qui écrit ces lignes et de quelle «Majesté» s'agit-il ? Les propos sont de Louise-Elisabeth Vigée Le Brun, une des peintres portraitistes parmi les plus célèbres du 18ème siècle. «Sa Majesté» c'est la Reine de France, Marie-Antoinette, qui fut la protectrice de la peintre pour son bonheur mais aussi pour son malheur. Pourquoi ?

Vigée

2. Louise-Elisabeth Vigée est née à Paris le 16 avril 1755 dans une famille d'artistes. Son père, Louis Vigée, est en effet professeur de peinture à l'Académie de Saint-Luc. Très vite, il s'aperçoit que sa petite Lisette, comme il aime l'appeler familièrement, est douée pour le dessin et il lui apprend à peindre avec des pastels.

Rubens

3. Malheureusement, son père meurt prématurément alors qu'elle n'a que 12 ans. Sa maman, sans ressources, est obligée de se remarier avec un joaillier . Mais Louise-Elisabeth n'aime pas son beau-père et sa vie est très triste. Sa seule consolation est la peinture. Elle décide d'étudier seule en copiant les plus grands maîtres. Son préféré est Pierre-Paul Rubens, le grand peintre flamand du 17ème dont elle admire particulièrement les portraits.

Portraitiste

4. C'est décidé. Louise-Elisabeth sera portraitiste comme son maître, Rubens. Elle s'exerce en peignant son petit frère Etienne et sa mère, Jeanne. Ses tableaux sont si réussis qu'ils sont remarqués. A 15 ans, elle reçoit des commandes de la part de bourgeois de Paris qui veulent leurs portraits. Mais à cette époque, pour être vraiment reconnu, il faut être introduit auprès du Roi et de sa cour.

Le Brun

5. Deux événements heureux vont permettre à Louise-Elisabeth de se faire connaître. En 1776, elle épouse le marchand d'art, Jean Le Brun qui connaît beaucoup de monde à Paris. C'est ainsi que Louise-Elisabeth (qui s'appelle maintenant Vigée Le Brun) est présentée à la comtesse du Barry qui est une amie de la Reine, Marie-Antoinette.

Marie-Antoinette

6. Madame du Barry sait que la Reine Marie-Antoinette cherche un artiste pour faire son portrait, ainsi que celui de ses enfants. Louise-Elisabeth est donc présentée à la Reine. En 1778, elle exécute le premier portrait de la Reine, Marie-Antoinette en robe à panier. La Reine est si contente du résultat qu'elle ne va plus cesser de lui faire des commandes. Mme Vigée Le Brun devient sa protégée.

La Révolution

7. Mais lorsque la Révolution éclate en 1789, et surtout lorsque le Roi et la Reine sont arrêtés puis exécutés en 1793, Louise-Elisabeth sait qu'elle court un danger mortel car elle est considérée par les révolutionnaires comme une ennemie du peuple. Elle s'enfuit donc avec sa fille Julie et se réfugie en Italie.

L'exil

8. Heureusement pour elle, sa réputation l'a précédée et tous les aristocrates lui demandent des portraits. C'est ainsi que durant les neuf années que dure son exil , elle voyage dans toute l'Europe. En Suisse, elle se lie d'amitié avec Mme de Staël. En Russie, elle est reçue à la cour de Saint Pétersbourg par l'Impératrice, la grande Catherine II. Mme Vigée Le Brun revient en France en 1802 et vivra encore de longues années, jusqu'à l'âge de 87 ans, sans jamais cesser de peindre ni d'écrire. Ses tableaux comme ses souvenirs sont pour nous des témoignages précieux de ces moments d'Histoire si importants que traversèrent la France et l'Europe de cette époque.