La grande dame de l'impressionnisme


Ma sœur chérie,

1. "Je suis allée au vernissage du Salon de 1869. Un de mes premiers soins a été de me diriger vers la salle M. J'y ai trouvé Manet, le chapeau sur la tête, l'air ahuri; il m'a priée d'aller voir sa peinture parce qu'il n'osait s'avancer. Jamais je n'ai vu un visage si expressif; il riait et avait un air inquiet tout à la fois … Je lui trouve décidément une charmante nature qui me plaît infiniment …"

Copies au Louvre

2. En écrivant ces lignes à sa sœur Edma, Berthe Morisot révèle son admiration et sa sympathie pour le peintre Edouard Manet dont elle sera toute sa vie l'amie et le modèle. Elle l'a rencontré un an auparavant au musée du Louvre. Une fois par semaine, le célèbre musée parisien est fermé au public. Seuls les artistes peuvent fréquenter les salles et copier les grands maîtres du palais : Rubens, Vinci, Rembrandt, Delacroix…

L'amie de Manet

3. Berthe est une jeune femme brune de 27 ans (elle est née en 1841). Elle a appris la peinture sous la direction du grand maître, spécialiste du paysage: Camille Corot. Manet voit Berthe Morisot en compagnie de sa sœur Edma, peintre comme elle. Elles sont en train de copier un tableau de Rubens. Grâce à un ami commun, Henri Fantin-Latour, peintre également, Manet se fait présenter. Berthe a comme tout le monde entendu parler de Manet. Il vient de peindre deux toiles qui ont fait grand bruit à Paris : « Le Déjeuner sur l'herbe » et « Olympia ». Berthe est immédiatement conquise par cet élégant jeune homme.

Amitié

4. C'est le début d'une grande amitié. Ils parlent peinture pendant des heures; chacun admire l'œuvre de l'autre. Berthe accepte de poser pour Edouard. Ce dernier fera de nombreux portraits d'elle dont le très beau Berthe Morisot au bouquet de violettes (1872).

Un rôle important

5. Mais Berthe n'est pas seulement une amie et un modèle pour Manet. C'est une vraie peintre professionnelle qui va jouer un rôle important dans le mouvement impressionniste en compagnie de Monet et de Renoir.

Une exception

6. Les femmes peintres à cette époque ne sont pas nombreuses. Berthe Morisot est une exception. Manet lui apprend l'art de peindre la lumière et inversement, c'est elle qui l'influence lorsque celui-ci éclaircit sa palette à la fin de sa vie.

Un style subtil

7. En 1874, Berthe Morisot devient Mme Manet. Mais ce n'est pas Edouard le peintre qu'elle épouse, c'est son jeune frère Eugène. De ce mariage naît, quatre ans plus tard, une petite Julie que sa mère peindra souvent. Berthe Morisot a maintenant trouvé son style: un mélange de techniques impressionnistes, de subtilité dans les couleurs et de sensibilité féminine. Ses toiles comme Le berceau ou Le Port de Lorient révèlent un art très bien dosé entre ces trois qualités.

Jeune femme se poudrant

8. En 1877, Berthe Morisot présente au Salon une toile intitulée « Jeune femme se poudrant ». Dans cette scène qui montre une jeune femme en robe d'intérieur se poudrant le visage devant un miroir, toutes les qualités de la peinture de Berthe Morisot sont réunies : des tons délicatement contrastés et une très belle lumière éclairant le tableau. Berthe Morisot a conquis la célébrité et à sa mort en 1895, elle laisse plus de trois cents toiles à sa fille Julie.