1. C'est un des artistes facilement identifiables au premier coup d'œil. Personnages au long cou, la tête penchée sur le côté, un œil ouvert, l'autre fermé; des corps étirés surmontés d'un visage inexpressif comme portant un masque; des femmes nues et stylisées mais ne cachant rien de leur anatomie … Vous l'avez sûrement reconnu: il s'agit du très célébré et très imité artiste italien, Amedeo Modigliani.
2. Pourtant tout ne fut pas facile pour Modigliani. Né en 1884 dans une famille juive et pauvre de Toscane en Italie, le jeune Dedo, comme sa famille le surnomme affectueusement, est de santé fragile. Tout petit, il échappe même de peu à la mort car il a attrapé la tuberculose, une maladie qu'on ne savait pas soigner à son époque.
3. Modigliani ne peut donc pas suivre des études normales et reste à la maison où, pour passer le temps, il dessine. Ses dessins sont si réussis que ses parents l'inscrivent à 14 ans dans l'atelier de Guglielmo Micheli, un peintre réputé de Livourne, la ville où Modigliani habite. Mais bientôt Micheli, voyant le talent exceptionnel de son élève, l'envoie à Florence, la ville de Botticelli, Michel-Ange et Léonard de Vinci.
4. Modigliani partage son temps entre l'étude de ces grands maîtres de la peinture et l'apprentissage de toutes les techniques artistiques dispensées à l'Académie du nu où il est inscrit: peinture, sculpture et gravure. Il en profite aussi pour voyager en Italie car sa santé s'est améliorée: Rome, Naples, Venise, autant de villes qui regorgent de trésors artistiques.
5. Modigliani a maintenant 21 ans et est devenu un artiste accompli. Il a entendu dire qu'à Paris on peut croiser de nombreux peintres aux noms prestigieux: Cézanne, Matisse, Picasso, Rivera, Soutine et bien d'autres. Il rêve de les connaître. C'est ainsi qu'en 1905, il arrive à Paris où il s'inscrit à l'Académie Colarossi, une école d'art très connue. Comme il l'espérait, il y fait la connaissance de beaucoup de ces artistes, en particulier d'une femme peintre dont il va tomber amoureux: Jeanne Hébuterne.
6. En 1909, Modigliani fait la connaissance d'un sculpteur roumain, Constantin Brancusi, qui deviendra son ami mais surtout qui va jouer un rôle décisif dans l'élaboration de son style si particulier. En effet, Brancusi est féru d'art nègre, l'art traditionnel africain. Il initie Modigliani au travail de la pierre dans le style des masques Fang, ces masques aux visages énigmatiques qui viennent du Gabon.
7. C'est décidé. Modigliani sera sculpteur comme son ami Brancusi. Il se met au travail et crée quelques belles sculptures de têtes entre 1911 et 1913. Malheureusement, elles ne se vendent pas et, comme la pierre est chère, Modigliani qui est pauvre, doit abandonner. Le rêve est brisé. Modigliani est si déprimé qu'il se met à boire. Il devient alcoolique.
8. En 1914, alors que la Première Guerre mondiale approche (elle éclate en août), Modigliani
rencontre le docteur Alexandre qui le convainc de revenir à la peinture. Il a trouvé les mots justes. Pourquoi, au
lieu de sculpter, ne pas peindre des tableaux, inspirés par l'art nègre des masques Fang du Gabon, propose-t-il à
Modigliani ?
L'idée séduit Modigliani. Et c'est ainsi qu'entre 1914 et 1920, date de sa mort précoce à 35 ans, il crée une
peinture étrange et mystérieuse faite de formes issues de la sculpture. Tout un peuple de femmes et d'hommes au
visage oval et aux yeux en amande, le nez droit et long, les lèvres serrées, la peau ocre , s'étale sur ses toiles.
Ces visages sont aujourd'hui reconnaissables et tellement imités.