L'élégant portraitiste


Les paysages avant tout

1. « J'en ai assez, je suis débordé, tout le monde veut que je fasse son portrait, même le roi ! C'est vrai que je suis un bon portraitiste et meilleur que Josh , mais moi, ce qui m'intéresse, ce sont les PA-Y-SA-GES, pas les portraits !»

Originaire du Suffolk

2. Quel est ce peintre qui se plaint d'avoir trop de commandes? En général, les peintres se désolent de n'en avoir pas assez. Il s'appelle Thomas Gainsborough. Il est anglais et est né au début du 18ème siècle, en 1727, dans le Suffolk, un comté verdoyant du sud-est de l'Angleterre.

Talent précoce

3. Très tôt, le jeune Thomas montre de grandes dispositions pour le dessin. Pendant que ses camarades s'amusent à des jeux de leur âge, lui court la campagne, observe tout ce qu'il voit et le dessine. Son père est si impressionné par le talent précoce de son petit dernier qu'il décide de l'envoyer à Londres étudier chez un dessinateur français réputé, Hubert-François Gravelot.

Maître à 18 ans

4. Gainsborough est aux anges . Et il apprend vite. Cinq ans plus tard, à seulement 18 ans, il ouvre son propre atelier. Il va enfin pouvoir se lancer dans ce qu'il aime vraiment: la peinture de paysages. Hélas, il n'arrive pas à vendre un seul de ses tableaux ! Et comme il faut bien vivre (il s'est marié entre temps et a eu deux petites filles), Gainsborough se résout à faire des portraits..

Mary et Margaret

5. Gainsborough choisit pour modèles, pour ses premiers portraits, ses propres filles qu'il adore: Mary (qu'il appelle Molly) et Margaret. Il les peindra d'ailleurs régulièrement au fur et à mesure qu'elles grandiront. Certains de ses tableaux sont de véritables chefs- d'œuvre de poésie et de délicatesse comme ces deux petites filles poursuivant un papillon (1750).

Portraitiste

6. Petit à petit, la réputation de portraitiste de Gainsborough grandit. Ce dernier, de son côté, est assez satisfait car il a trouvé un bon moyen de combiner son amour des paysages avec les commandes de portraits qui commencent maintenant à affluer: placer ses personnages dans un beau paysage. L'idée n'est pas de lui mais du grand peintre flamand Antoine Van Dyck (1599-1641) que Gainsborough a étudié et admire beaucoup.

M et Mme Andrews

7. C'est ainsi qu'en 1748, Gainsborough réalise une de ses peintures les plus célèbres: le portrait de M et Mme Andrews. Au premier plan, un jeune couple pose au pied d'un arbre. La femme est comme saisie dans ses soieries d'un bleu délicat. On dirait une poupée de porcelaine. Le mari, au contraire, est décontracté dans sa tenue comme dans son attitude. Le fusil qu'il tient sous le bras et le chien à ses pieds suggèrent que c'est un chasseur. Les deux personnages, probablement des propriétaires terriens, sont plantés dans un beau décor campagnard.

Célébrité

8. Maintenant Gainsborough est célèbre. A Londres, toute la cour veut être son modèle. En 1785, il réalise le portrait du roi George III et reçoit par la suite de nombreuses commandes royales. Il peut maintenant peindre ses chers paysages du Suffolk. Hélas, il n'a pas assez de temps car il est victime de son succès et doit travailler et travailler pour honorer ses commandes. Il meurt en 1788 en laissant une œuvre qui a considérablement influencé l'histoire de la peinture anglaise. Son compatriote, le grand paysagiste du 19ème, John Constable disait: « Derrière chaque haie, je vois un tableau de Gainsborough ».