1. L'Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une jeune fille fiancée à un homme de la maison de David , nommé Joseph. Le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait en elle-même ce que pouvait signifier une telle salutation …
2. Cette histoire est tirée de l'Evangile . L'Ange Gabriel s'adresse à Marie, une jeune fille juive qui vivait en Palestine vers l'an 2. Il lui annonce qu'elle va devenir mère bien qu'elle n'ait pas encore de mari.
3. Ce récit très connu de la Bible est un des sujets qui a le plus inspiré les artistes: les musiciens avec les fameux Magnificat1, les sculpteurs, les créateurs de vitraux dans les cathédrales. Mais ce sont surtout les peintres qui, de siècle en siècle, ont été inspirés par cette scène extraordinaire. Pourquoi ? Il y a deux raisons à cela: d'une part ce récit est UNIQUE dans l'histoire humaine et d'autre part, la figure de Marie et sa réaction devant cette incroyable aventure ont de quoi nous interroger.
4. L'histoire est unique parce que dans aucune autre religion, Dieu n'a fait irruption dans la vie des humains au point de devenir LUI-MEME un homme. Dans le judaïsme, Dieu entre en contact avec les prophètes comme avec Moïse. Dans l'islam, Dieu s'adresse à Mahomet en lui envoyant le même ange Gabriel pour lui dicter le Coran. Mais à aucun moment, Dieu ne devient Homme. Cette histoire s'appelle l'incarnation et son début est précisément marqué par cette étrange visite que Marie reçoit.
5. L'autre aspect qui a beaucoup intéressé les peintres est la façon dont Marie a réagi. Mettons-nous une minute à sa place. Marie est une jeune fille ordinaire et tout à coup, alors qu'elle est fiancée à Joseph, un ange lui rend visite et lui dit que non seulement elle va être enceinte sans «l'aide» de Joseph mais que cet enfant sera «le fils de Dieu».
6. Va-t-elle y croire ? Va-t-elle refuser ? Va-t-elle l'accepter ? On connaît la fin de l'histoire, elle accepte. C'est ce qu'on a appelé en latin le fiat qui signifie «qu'il en soit fait ainsi». Mais Marie a-t-elle accepté tout de suite cette incroyable nouvelle ?
7. Les nombreux peintres qui ont tenté de décrire cette célèbre scène ont apporté des réponses variées à cette question. Certains ont représenté Marie dans l'attitude «fiat» de soumission. On le voit par la posture de son corps, légèrement courbé et surtout par la position des mains repliées en signe d'acceptation (Giotto). Mais d'autres ont pensé que sa première réaction a été une attitude de refus et de rejet, peut-être même de révolte (Braccesco). Ainsi, Marie lève les bras comme pour dire «Ça va pas la tête !»
8. Les peintres ont raconté avec leurs pinceaux des scènes d'Annonciations pratiquement à toutes les époques. Mais c'est certainement pendant la Renaissance italienne, entre les 14ème et 15ème siècles, que ce thème fut le plus souvent traité. Le plus connu de ces peintres vécut à Florence. Il s'appelait Guido di Pietro. Il peignit si souvent et de façon si sublime des Annonciations que tout le monde l'appelait« Fra Angelico », ce qui signifie « le frère ange ».