Le peintre galant


Au théâtre

1. Des jongleries, des paroles moqueuses, de la pantomime , des improvisations: bienvenue dans la commedia dell'arte où évoluent toujours les mêmes personnages: des valets débrouillards (Arlequin, Mezzetin), des servantes ingénues (Colombine), des soldats grossiers (Matamore) et un clown rêveur et muet, Pierrot. Beaucoup de peintres ont représenté ce genre de théâtre originaire d'Italie mais aucun ne l'a fait aussi bien que Watteau.

Rubens

2. Pourtant Antoine Watteau n'était pas italien mais français. Il est né en 1684 à Valenciennes, une ville du nord de la France, proche de la Flandre (la Belgique aujourd'hui). Watteau se rend fréquemment dans cette province voisine, célèbre pour la qualité de sa peinture. Son modèle, c'est Rubens (1577-1640), l'un des plus grands peintres de tous les temps.

Paris

3. Très tôt, le jeune Antoine manifeste d'excellentes dispositions pour le dessin et son père l'envoie se former chez M Guérin, un décorateur d'églises. Mais Watteau sait que pour devenir un peintre comme Rubens , il faut fréquenter les grands maîtres et il n'y en a pas à Valenciennes. Aussi, à l'âge de 18 ans, il se rend à Paris.

Claude Gillot

4. Pour vivre, Watteau commence par travailler chez un marchand de tableaux du Pont NotreDame qui lui fait faire des copies de toiles. Le travail est si bien exécuté que, rapidement, la réputation du jeune apprenti se répand et grandit. Le talent du jeune artiste parvient aux oreilles de Claude Gillot, un maître de peinture réputé. Il lui propose d'entrer dans son atelier. C'est la chance que Watteau attendait.

La Comedia dell' Arte

5. Gillot s'intéresse beaucoup au monde du théâtre. Il permet à Watteau non seulement de parfaire sa formation de peintre mais surtout, il lui fait découvrir l'univers du spectacle. Le jeune apprenti est émerveillé. C'est ainsi qu'il découvre la fameuse commedia dell'arte italienne, très à la mode en ce début de 18ème. Watteau a trouvé son style: il peindra des scènes inspirées par le théâtre avec le brio de Rubens dont il admire les œuvres exposées au palais du Luxembourg à Paris.

Rococo

6. Les historiens de l'art ont l'habitude d'appeler « Rococo » le style de peinture de l'époque de Watteau: un style léger, poétique, plein de fantaisie. Fini les grands tableaux classiques illustrant, selon des règles strictes, des scènes mythologiques ou religieuses. Place à des petites scènes représentant des fêtes, la gaieté, l'amour situées dans un décor rocailleux (d'où le nom de Rococo).

Vénus

7. En 1717, Watteau présente à l'Académie un tableau intitulé Le pèlerinage à l'île de Cythère. Dans une nature boisée, avec une étendue d'eau à l'arrière plan, des hommes et des femmes, tous très élégants, conversent sous le regard d'une statue de Vénus, tandis que des angelots volettent dans le ciel. Tous ces personnages se rendent à Cythère, l'île grecque où, selon la tradition, Vénus, la déesse de l'amour, serait née dans un coquillage.

Les fêtes galantes

8. En 1718, Watteau peint un autre tableau très étrange par sa taille. Ce tableau immense mesure plus de deux mètres de haut. Il représente un des personnages les plus célèbres de la commedia dell'arte italienne: Pierrot (qu'on appelait à l'époque, Gilles). Avec son fameux costume blanc, il nous regarde, l'air un peu ahuri, les bras ballants . Avec ces deux tableaux, Watteau a inventé un genre nouveau, « les fêtes galantes ». Les personnages sont en effet gracieux et poétiques; ils sont peints avec des couleurs chatoyantes ; ils donnent envie de rêver. La peinture de Watteau, qui meurt en 1721 à l'âge de 37 ans, nous entraîne dans un monde merveilleux et poétique, comme celui de la commedia dell'arte.