Un Flamand devenu anglais


Le maître et le disciple

1. C'est l'histoire d'un maître et de son disciple . Elle se passe dans la Flandre (aujourd'hui la Belgique) du 17ème siècle. Anvers, la capitale, regroupe les plus grands peintres, graveurs et sculpteurs de l'Europe du Nord. Ces artistes se retrouvent au sein d'une organisation prestigieuse appelée La Guilde de Saint Luc . Son représentant le plus célèbre se nomme Pierre Paul Rubens. C'est le maître.

Le meilleur élève

2. Le disciple s'appelle Antoine Van Dyck. Rubens dit de lui qu'il est son meilleur élève. La renommée de Rubens est telle que les commandes affluent de toute l'Europe: décoration d'églises, scènes mythologiques, portraits de rois, de reines et même de l'empereur. Rubens n'a pas le temps de finir ses tableaux. Il confie alors au jeune Van Dyck, de 22 ans son cadet , le soin d'achever son travail.

Talent précoce

3. Antoine Van Dyck est en effet un disciple doué. Pourtant rien ne semblait le destiner au métier de peintre. Né en 1599, il est le septième enfant d'un marchand de tissu et il n'y a pas d'artiste dans la famille. Mais à 10 ans, il dessine si bien que son père décide de l'envoyer étudier la peinture chez le maître anversois Hendrick Van Balen. Le jeune Antoine apprend vite. C'est ainsi qu'en 1618, à l'âge de 19 ans, il entre dans cette fameuse Guilde de Saint Luc dirigée par Rubens.

Jalousie

4. En quelques années, le disciple rattrape le maître. Les portraits de Van Dyck sont si réussis que Rubens l'invite à voler de ses propres ailes. Est-il jaloux ? L'histoire ne le dit pas mais ce qu'on sait, c'est qu'en 1620, le grand maître flamand envoie son « meilleur disciple » en Angleterre.

Retard anglais

5. A cette époque, la peinture anglaise est très en retard sur la peinture européenne du continent. Au sud, il y a les Italiens qui, depuis la Renaissance, ont complètement rénové la peinture grâce à l'invention de la perspective. Les artistes les plus connus sont Léonard de Vinci, Titien et Raphaël. Au nord, ce sont les Flamands qui dominent. La peinture anglaise du début du 17ème ressemble encore à la peinture du Moyen-Âge.

Jacques 1er

6. Le roi d'Angleterre s'appelle Jacques 1er. Lorsqu'il voit le travail de Van Dyck, il comprend ce que ce dernier peut faire pour transformer la peinture de son royaume. Il lui offre une bourse de 100 livres. Van Dyck accepte mais repart au bout de six mois. Il sent qu'il a encore beaucoup à apprendre. Destination l'Italie. Le séjour italien de Van Dyck va durer 6 ans. Le peintre flamand sillonne le pays du nord au sud, jusqu'en Sicile. Il étudie spécialement Titien et Véronèse, deux grands maîtres vénitiens, spécialistes du portrait.

Charles 1er

7. Pendant ce temps, en Angleterre, le roi Charles 1er a succédé à son père Jacques 1er. Comme lui, il est un ami des arts qui souhaite que son pays ait une peinture du niveau de la peinture italienne ou flamande. Il invite donc Van Dyck à revenir en lui proposant plus que de l'argent: un poste permanent de peintre officiel de la Cour.

Anobli

8. Cette fois, Van Dyck est prêt et il accepte la proposition. En 1632, il s'installe en Angleterre de façon permanente et se met au travail. Ses multiples portraits du roi Charles, de la reine Henriette et de leurs enfants sont si élégants que bientôt tous les membres importants de la Cour veulent aussi le leur. Le pari de Charles et de son père Jacques est réussi: la peinture anglaise a enfin trouvé le maître qu'elle attendait. En récompense, Van Dyck est anobli. Il devient Sir Anthony Van Dyck. Hélas, il n'a pas le temps d'en profiter car il meurt en 1641, à l'âge de 42 ans.