1. « Violoniste ou peintre ? Peintre ou violoniste ? Entre ces deux métiers, lequel choisir ? J'aime les deux et je suis doué pour les deux … » Peut-être que ce questionnement n'a pas eu lieu avec ces mots exacts mais ce qui est certain, c'est que le jeune Jean-Auguste-Dominique Ingres s'est interrogé. Qui est ce jeune homme qui hésite entre ces deux professions artistiques ?
2. Jean-Auguste-Dominique Ingres est né en 1780 à Montauban, une petite ville du sud de la France. Son père, Jean-Marie-Joseph Ingres est lui-même peintre, sculpteur, architecte et violoniste. Il apprend donc à son fils tout ce qu'il sait. Très vite, il se rend compte que son petit « Ingrou » comme il l'appelle familièrement, est très doué aussi bien pour la musique que pour le dessin.
3. Ingres se décide finalement pour la peinture. Après six ans passés à l'Académie des Beaux-Arts de Toulouse, Ingres « monte » à Paris pour poursuivre sa formation. Il décide de se présenter au prix de Rome qui, s'il le réussit, lui permettra de devenir un grand peintre reconnu. Ingres entre donc dans l'atelier de Jacques-Louis David, le peintre le plus illustre de son temps.
4. En 1801, Ingres reçoit le fameux prix pour son tableau intitulé Achille recevant les ambassadeurs d'Agamemnon. Le sujet est tiré d'un récit de la mythologie grecque. Ingres devra cependant attendre cinq ans avant de partir pour Rome. En attendant, pour vivre, il réalise des portraits de gens célèbres ou simplement assez riches pour s'offrir un tableau. C'est ainsi qu'il réalise une série de portraits de la famille Rivière ainsi que celui de Napoléon, le nouvel empereur français.
5. En 1806, Ingres arrive à Rome et il est émerveillé. Tout l'inspire: les vestiges de la Rome antique, les fresques de la Chapelle Sixtine peintes par Michel-Ange et surtout, les tableaux de Raphaël. Pour lui, en effet, ce dernier est LE peintre par excellence dont il convient de s'inspirer. Il admire par-dessus tout la finesse de son dessin et son art de la composition.
6. De retour de Rome en 1813, Ingres est maintenant célèbre. Les commandes des plus puissants personnages de la France impériale affluent. C'est ainsi que Caroline Murat, reine de Naples et sœur de Napoléon, lui commande son œuvre la plus célèbre: La Grande Odalisque, une peinture gigantesque représentant une femme nue vue de dos. Quelle œuvre étrange ! Pour souligner la cambrure du dos, Ingres n'a pas hésité à déformer les proportions de son modèle en lui ajoutant trois vertèbres.
7. En 1815, lorsque Napoléon est contraint à l'exil , Ingres se retrouve dans un position difficile. Il a servi l'empereur et son régime et les nouveaux maîtres de la France ne lui passent plus de commandes. Pour survivre, il est contraint de dessiner des petits portraits qu'il vend aux touristes. Il décide donc de repartir pour l'Italie où il compte encore beaucoup d'amis et s'installe à Florence, la ville où son héros, Raphaël, a vécu un temps.
8. Les Français réalisent alors qu'ils risquent de perdre un de leurs plus grands peintres et lui commandent un tableau. On demande à Ingres de représenter le roi Louis XIII mettant son royaume sous la protection de la Vierge Marie. Ingres exécute ce tableau dans le plus pur style « Raphaëlien » et c'est un triomphe. Désormais Ingres est un grand peintre reconnu jusqu'à sa mort en 1867. Un peintre mais aussi un violoniste car, à ses heures perdues, il n'a jamais cessé de jouer du violon au point qu'aujourd'hui encore, avoir « un violon d'Ingres » est synonyme de passe-temps.