Le "Raphaël" allemand


La déception d'Henti VIII

1. « Holbein, je devrais vous faire couper la tête pour m'avoir ainsi trompé. Une jolie femme, Anne ? Oui, sur votre peinture ! Mais quand je l'ai aperçue en chair et en os, quelle déception ! Où est passé le visage d'ange du tableau ? A la place j'ai vu une figure constellée de cicatrices…»

Le portrait d'une princesse

2. Le dialogue est imaginaire mais la situation est authentique. En 1539, Henri VIII (1491 - 1547), roi d'Angleterre, avait chargé le peintre et graveur Hans Holbein de lui ramener le portrait de sa future femme, Anne de Clèves, une jeune princesse allemande. Holbein, qui vivait à la cour d'Angleterre, était un portraitiste reconnu. Comme il était allemand, il fut chargé d'exécuter le portrait de la princesse. Hélas, il eut l'idée d'améliorer son modèle en dissimulant les imperfections du visage de la princesse.

Une famille d'artistes

3. Hans Holbein dit « le jeune » est un peintre allemand né en 1497 à Augsbourg, une petite ville du sud de l'Allemagne. Il appartient à une famille d'artistes. Son frère Ambrosius est peintre tout comme son père qui se prénomme également, Hans. Alors pour le distinguer de ce dernier, les historiens l'appellent « Holbein le jeune ». Papa Holbein (surnommé Holbein l'ancien) croit au talent de ses fils et, en 1514, il les envoie parfaire leur formation à Bâle, en Suisse. Cette formation ne servira qu'à Hans car Ambrosius meurt en 1519.

Bâle

4. A l'époque, Bâle est un grand centre artistique et culturel. De nombreux artistes et savants y vivent. Le plus connu s'appelle Erasme (1466 - 1536). C'est un savant hollandais qui exerça une très grande influence sur son époque. Holbein devint son ami. Mais Bâle est aussi au cœur des tensions religieuses qui traversent l' Europe de la Renaissance. Un moine allemand appelé Luther a lancé une réforme de la religion catholique, dirigée par le pape. L'Europe est divisée entre ceux qui approuvent cette réforme avec Luther et ceux qui résistent avec le pape. A Bâle, ce sont les partisans de Luther qui l'emportent.

Paris

5. Holbein est mal à l'aise car les Luthériens n'aiment pas qu'on représente des images de la Bible. Certains vont même jusqu'à détruire les tableaux et les statues qui ornent les églises. Holbein décide donc de quitter la Suisse et se rend en France. Il espère entrer au service de François 1er, un roi connu pour être un ami des arts et des lettres. Malheureusement, la place est prise et pas par n'importe qui. L'artiste officiel de François 1er s'appelle Léonard de Vinci. C'est le plus grand artiste de son temps. Holbein l'admire beaucoup.

Londres

6. Holbein doit donc trouver un autre protecteur. Grâce à son ami Erasme, il est introduit auprès de Thomas More, un savant anglais, proche du roi Henri VIII. Le talent du peintre allemand fait le reste. En quelques années, les personnages les plus puissants du royaume veulent tous leur portrait peint par Holbein.

Les Ambassadeurs

7. Comme toutes les capitales européennes, Londres accueille des ambassadeurs. En 1533, Holbein peint son plus célèbre chef-d'œuvre, Les ambassadeurs. On y voit deux personnages se tenant debout de part et d'autre d'une table chargée d'objets. Ces deux hommes sont des envoyés du roi François 1er. Ils sont richement vêtus. Chaque objet est un symbole. Mais ce qui frappe le plus dans ce tableau c'est une forme bizarre placée au premier plan: un crâne déformé. Pour comprendre qu'il s'agit d'un crâne, il faut regarder le tableau de côté.

Le "Raphaël" allemand

8. Avec Albrecht Dürer, Holbein est sans doute l'artiste allemand le plus important de la Renaissance. On l'appelle parfois « le Raphaël allemand » du nom du grand peintre italien. Sans doute est-ce pour cela qu'Henri VIII ne le fit pas exécuter. Il mourut à Londres de la peste en 1543.