L'art du portrait


Un grand maître

1. « Je suis né aux alentours de 1580 à Anvers, en Belgique, alors appelée Flandres, dans une famille protestante . Cela peut paraître bizarre de ne pas connaître sa date de naissance exacte mais à cette époque, c'était la guerre entre les catholiques et les protestants et tout était désorganisé. D'ailleurs, mes parents ont dû fuir Anvers la catholique pour s'installer plus au nord, à Haarlem, une riche ville protestante des Provinces-Unies. » Si ces lignes sont imaginaires, les informations sont totalement justes. Celui qui parle est un peintre. Il s'appelle Frans Hals. Il est l'un des plus grands maîtres de la peinture hollandaise du 17ème.

Le siècle d'or

2. Les peintres de son époque qu'on appelle le « siècle d'or hollandais » peignaient comme Hals des portraits mais aussi des paysages, des histoires tirées de la Bible ou des scènes mythologiques. Frans Hals, de son côté, n'a pratiquement peint que des portraits. Pourquoi ?

Haarlem

3. Plusieurs raisons expliquent ce choix. Comme on l'a vu, Hals était de tradition protestante et, comme chez les Juifs, les représentations religieuses, surtout de Dieu, étaient interdites. D'autre part, Haarlem était une ville marchande hollandaise prospère et beaucoup de ses riches négociants souhaitaient avoir leur portrait. Il faut se souvenir, en effet, qu'au 17ème siècle, la photographie n'avait pas encore été inventée et que le seul moyen de garder une trace d'un visage aimé était de faire peindre son portrait.

Portraitiste brillant

4. Mais ce qui explique avant tout le choix de Frans Hals de se spécialiser dans le portrait est son extraordinaire talent. Aucun autre peintre de son temps n'avait son pareil pour saisir une expression, un sourire ou un rire. C'est un portraitiste joyeux, brillant et réaliste . Quel est son secret ?

Formation

5. Hals a reçu une sérieuse formation. Il étudie chez le maître maniériste hollandais Carel Van Mander, puis chez un autre maître, Jacob Jordaens, disciple de Caravage. Mais rapidement, Hals se différencie de ses maîtres en inventant sa propre technique: une technique unique, faite de larges touches brossées rapidement. Hals ne fait pas non plus de dessins préparatoires.

Les enfants

6. Cette rapidité d'exécution, très en avance sur son temps, permet à Hals de saisir un individu dans toute sa spontanéité et sa personnalité. C'est ainsi que Hals est sans doute le seul artiste à avoir si bien réussi à peindre les enfants dans toute leur fraîcheur et leur gaieté. Son jeune garçon riant (1627) constitue à cet effet un véritable chef-d'œuvre.

Les groupes

7. L'œuvre et la vie de Frans Hals ne se résument cependant pas seulement à des portraits individuels. Hals est aussi célèbre pour ses portraits de groupe. Les milices qui gardent sa ville et qu'on appelle des archers lui commandent plusieurs grands tableaux dans lesquels on les voit vêtus de leurs plus beaux habits, ceints par de magnifiques écharpes.

Gravité

8. Hals vécut vieux (il est mort en 1666 à plus de 80 ans), se maria plusieurs fois et eut en tout 14 enfants dont plusieurs devinrent peintres comme lui. Ses extraordinaires portraits lui valurent le succès mais comme il était très dépensier, il connut des problèmes financiers à la fin de sa vie. Ses dernières peintures, comme celle des Régentes de l'hospice des vieillards, nous montrent une certaine gravité dans les expressions, un style très différent de la gaieté et de la légèreté auxquelles il nous avait habitués.